Si un jour de vacances vous conduisez sur les petites routes d’une région viticole et pensez que les vignes semblent pousser par elles-mêmes pendant que le vigneron boit du rosé assis à sa terrasse, nous ne vous en blâmerons pas. Cependant, vous vous trompez sur l’ampleur de la tâche.
La croissance des grappes demande un travail assez intense. Dès que vous terminez un travail, un autre arrive en galopant. Après les vendanges (de mi à fin octobre pour nous dans le sud-ouest de la France) et avant que la taille commence en décembre, c’est vraiment le seul moment où les vignobles sont déserts (enfin excepté pour les labourages pré-hivernaux).
Cette année, en plus du travail normal dans les vignes, nous avons de grands projets.
Pour les « geeks » de la vigne qui sont parmi vous, voici un avant-goût. Pour tous nos autres lecteurs, retenez simplement que nous allons être dehors une bonne partie de l’année.
Nous sommes vraiment très heureux de commencer à travailler le sol sous les vignes de façon mécanique (au lieu d’utiliser un herbicide). Sans aucun doute, cette première année sera difficile pour nous car d’une part nous allons devoir apprendre à manipuler cette nouvelle machine, d’autre part, nous allons labourer une terre non travaillée depuis de nombreuses années.
Cette année nous faisons partie d’un groupe dirigé par l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) qui recherche des techniques de travail du sol écologiques – avec par exemple différentes types d’herbes et autres cultures autour et dans les vignes visant à ajouter/répandre des nutriments, réduire l’érosion, limiter/augmenter la vigueur de la vigne etc… Lors du premier rendez-vous, je me suis senti un peu comme un imposteur au milieu de tous ces viticulteurs tellement expérimentés mais ils étaient tous très sympas et j’ai compris que ce groupe nous serait très utile à l’avenir. Nous allons donc semer pour la première fois de l’herbe sur notre parcelle de Braucol pour faire de la concurrence aux vignes et ainsi nous l’espérons, réduire leur vigueur afin d’augmenter la qualité du fruit.
Nous souhaitons accroître légèrement la taille du vignoble mais aussi le nombre de variétés. Ainsi, en novembre, nous allons planter un demi hectare de Prunelard et un autre de Len de l’El, deux cépages locaux et très anciens. Vous n’avez pas idée de la paperasse et de l’organisation que cela implique. L’ensemble de la démarche prend environ 2 ans entre la demande aux autorités, vérifier que nous avons des droits de plantation disponibles, demander des subventions, sélectionner la variété et les pieds de vignes, les commander, réserver quelqu’un pour préparer l’endroit et planter les vignes. C’est beaucoup de travail avant même d’avoir commencé à nous occuper des jeunes plants délicats qui sont vulnérables aux lapins, à la sécheresse, à la gelée etc… Mais c’est également 3 ans d’attente avant que les vignes ne puissent produire des grappes que nous pourrons utiliser pour élaborer notre vin AOC donc il faut compter 5 ans du début jusqu’à la fin des préparatifs !
Avant la plantation de nos nouvelles parcelles, nous aurons l’occasion de pratiquer car nous avons approximativement 1500 vignes individuelles manquantes à remplacer – des plants qui sont morts au fil du temps pour une raison ou pour une autre. En général, ce travail devrait être effectué chaque année ou tous les 2 ans, mais nous avons hérité d’un immense retard qui s’est accumulé. Nous sommes actuellement occupés à trouver des personnes qui pourront nous aider à planter à la fin du mois d’avril – ce qui n’est pas un travail pour les timorés !!
Finalement, nous sommes en train de relever le treillis et d’ajouter un fil fixé en haut des rangs sur notre parcelle de syrah et de braucol afin de relever la hauteur des feuilles et ainsi améliorer la position verticale des sarments. Cela permettra en même temps d’être sûrs que les grappes ne soient pas trop à l’ombre (je vous avais prévenus que cela était pour les geeks).
Nous sommes vraiment impatients d’être au cœur de tous ces projets et nous vous informerons de leur déroulement. Doigts, orteils et tout le reste de croisé dans l’espoir d’avoir de bonnes conditions météorologiques cette année.